Rideau !

Musée d’Art Moderne et Contemporain à Buenos Aires

En réaction à un contexte proche assez décousu, perdu entre les édifices du Pouvoir et les bars à jus de fruits bio, le nouveau musée des Arts de Buenos Aires crée un univers introverti et onirique s’inspirant métaphysiquement d’un contexte argentin large et partagé, allant de son passé industriel et naval à ses horizons secs et poussiéreux. Le projet célèbre la sueur, le sang, la fumée, les navires, les drapeaux, la terre… et la profondeur transcendantale de la pauvreté. Il célèbre aussi la sensualité et le rêve, le plaisir de la matérialité, du charnel… Douceur et rugosité ; la peau et les os… les musées devraient être comme des églises vénitiennes ou des grottes préhistoriques… Cherchant la violence archaïque comme seul horizon esthétique.

Le bâtiment est un volume flottant, suspendu, drapé de rideaux blancs comme des voiles de navires en partance. Le rideau ramène à l’enfance, au jeu symbolique entre présence et disparition, transparence et opacité, ombre et lumière… Le rideau est graphique, dense, sauvage, imposant, élégant. Une manière d’apporter une nouvelle sobriété dans le chaos urbain et de créer des espaces introvertis, adaptés à la scénographie et aux œuvres d’art, tout en offrant au passant un aperçu, un déshabillé mystérieux, quasi érotique.

Le sol est libéré et offert au public dans un interstice baroque mêlant l’eau, réflexions, formes douces, porosités, vues, ombres et raies de lumières. Un bâtiment qui renoue avec le plaisir d’être en dessous, dessus, dedans, dehors… de l’étroitesse et de l’espace, du porteur et du suspendu….