Maison O

Bibeleskaes study house #5

Situé dans la ville extra-muros, à proximité des remparts et de la Lauter, le terrain est une enclave protégée et magnifique à la végétation existante très présente avec notamment de beaux sujets en son centre (chêne, frêne et érable). Autour, le quartier dissimule son hétérogénéité architecturale, allant de la verticalité des grandes maisons de maître XIXe à l’horizontalité des maisons années 50, dans une luxuriance arborifère.

Afin de s’intégrer à cette logique paysagère et architecturale, le volume habité est conçu sur un modèle archétypal : plan rectangulaire simple et compact en R+1 + combles et toiture à double-pans. Ce volume sobre et simple est augmenté d’un auvent périphérique permettant à la fois une protection solaire passive, la mise à l’abri des façades face aux intempéries, et une continuité intérieur/extérieur forte permettant de lier les espaces habités à leur magnifique environnement arboré.

Cet auvent s’appuie sur un portique périphérique structurel constitué de poteaux et d’une poutre périphérique formant acrotère. Cette poutre ceinturant l’édifice est dimensionnée pour reprendre les charges structurelles du plancher du R+1, et pour dissimuler l’ensemble du complexe plancher/isolant/étanchéité/végétalisation. Des poteaux en béton soutiennent ce portique. Leur dessin profilé permet de donner à l’édifice une prestance, une élégance archaïque et de créer des jeux cinétiques en oscillant entre finesse et massivité.

Le plancher du R+1, porté par le portique périphérique et par un grand voile central, est constitué d’un système mixte bois-béton constitué d’un assemblage de poutres cloués et décalés en hauteur afin de gagner en inertie structurelle, connectées à une dalle de compression en béton. Ce système permet une finition apparente très qualitative (bois massif) en plus d’un traitement acoustique, et d’une utilisation rationnelle de chaque matériau (grande portée avec très peu de matière grâce au principe d’assemblage).

Les murs isolés de l’habitation sont entièrement en ossature bois, et habillés d’un bardage en tasseaux croisés à claire-voie. Ce système est laissé en bois brut au RDC (puisque protégé des intempéries) et est traité avec un goudron de pin de teinte brun chaud à l’étage pour habiller les parois verticales mais également les pans de toiture.

Béton/bois, archétype/modernité, épure/modénature… un projet acceptant les ambivalences, l’hybride, et les citations contradictoires ! Un genre de Mies van der Kahn du Voralberg… ? Ou de Vilanova Breuer des Grisons ? Et pourtant bien wissembourgeois…